Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger - Wolfgang Bendick Les Néo-Ruraux

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tard on superposa les tables les unes sur les autres contre les murs, rangea les chaises en cercle autour de la salle pour les personnes âgées. Et tous ceux qui en étaient encore capable dansèrent aux rythmes d’un accordéon joué par un homme un peu âgé. Je l’avais déjà croisé à plusieurs reprises, car il était le facteur de notre vallée. Il transpirait plus que les danseurs et se rafraîchissait à la bière. J’avais compris pourquoi il promenait toujours une caisse de bière sur la banquette arrière de son Ami 6 ! Il souffrait d’excès de transpiration !

      *

      Le lendemain je passais un mélange de 2/3 d’huile de lin et 1/3 d’essence de térébenthine sur les planchers, car le jour suivant j’avais prévu de rentrer en Allemagne. Lors de notre retour, tout serait bien imprégné. Avec une bande de bâche en plastique j’avais matérialisé un passage sur le parquet pour ne pas le salir et je commençai par bien enduire le bois neuf à l’endroit le plus éloigné. J’entendis une voix de femme parler. C’était la mère de Jean-Paul qui se parlait à elle-même. « Bou diou ! Il y a déjà des escaliers dans la maison, et les planchers ! » J’entendis ses pas monter les marches. « Il ne me manquait plus qu’elle ! », songeai-je en continuant de passer la brosse. Ses pas approchaient. « Ah, te voilà ! Que c’est propre ici ! Tout neuf ! Mais aujourd’hui c’est les Rameaux, on n’a pas le droit de travailler ! », cria-t-elle, puis elle se trouvait déjà derrière moi pour me faire la bise. Je posai la brosse et me levai. Je n’en croyais pas mes yeux ! Elle avait traversé le parquet blanc et propre avec ses sabots pleins de merde ! Je poussai un cri : « C’est propre ? – Tu devrais dire ‘c’était propre’ ! La bâche, je l’ai mise exprès pour qu’on y marche dessus ! » « Je l’avais bien vue, mais je n’osais pas la salir ! » Je l’accompagnai en bas en disant : « A partir de maintenant, accès interdit au chantier ! En plus, le vernis c’est très toxique. Pendant 14 jours on ne doit pas y rentrer ! » Je disais ça pour être sûr qu’elle ne vienne pas y fouiner pendant mon absence. Elle recommença : « Aujourd’hui c’est les Rameaux, on ne doit pas travailler ! » « Et qu’est-ce que tu fais ? », lui demandai-je. « Je ne fais que garder les « oueilles », les moutons ! » Je me mis à préparer un seau et une serpillère pour enlever la crasse. Elle prit le seau, posa ses sabots à côté et se prépara à monter. Elle était pieds nus. Et ses pieds avaient la même couleur que ses sabots. « Je m’en occupe ! », dis-je en prenant le seau. « Comme je disais, le vernis est très toxique ; c’est trop dangereux pour toi, les pieds nus ! »

      Le soir j’avais terminé. La maison sentait comme une forêt dans les Landes. Je passais une chaîne derrière le cadre et à travers un nœud dans la porte et y accrochais un gros cadenas. La nuit je dormis dans la caravane. Le lendemain matin je partis pour l’Allemagne.

      PRINTEMPS

      Nous fêtâmes Pâques dans notre vieille maison en bois. Les voisins, sachant que nous allions bientôt partir, nous demandèrent des objets. Le fût en chêne énorme, transformé en cabane, fut roulé trois maisons plus loin, afin de servir aux enfants du voisin. Nos chaises et la table, taillés dans des troncs d’arbre semblaient être devenus en vogue et trouvèrent un acquéreur. Nous arrivâmes à vendre facilement le four à bois à trois portes, que nous avions trouvé à la casse et le camion VW bâché, ayant le contrôle technique depuis peu, trouva un nouveau propriétaire. Martin avait préparé une surprise : Chez un ferrailleur il avait déniché une petite turbine, plus exactement une roue Pelton. C’était un caisson en tôle avec à l’intérieur une roue en fer, dont la circonférence était garnie de petites pelles en forme de double-cuillères. A travers un ou plusieurs gicleurs un jet d’eau sous haute pression était dirigé vers les pelles et faisait tourner la roue. Au moyen d’une courroie on pouvait faire tourner un générateur ou la dynamo d’une voiture. C’était exactement ce dont nous avions besoin !

      Cela faisait un objet de plus à déménager. Nous rehaussâmes les ridelles de la remorque avec le cadre de notre lit et nous nous mîmes à charger. Tout ce qui ne rentrait plus dans la remorque, nous l’entreposions sur la galerie du toit, gardant l’intérieur du combi vide afin de dormir dedans, comptant trois jours pour le trajet. J’inspectai une dernière fois toutes les pièces de la maison pour être sûr que tout était vide. Cette fois-ci tout était vraiment vide, contrairement au moment où nous avions emménagé. Tout avait l’air triste. Je réalisais que chaque chambre sentait différemment et je voyais, comme des images extraites d’un film, des souvenirs du temps passé dans cette maison défiler devant mon œil interne. Quelques larmes me montèrent aux yeux… Je traversais une dernière fois l’étable. Ça sentait encore un peu nos chèvres. Est-ce qu’elles allaient être bien ? Un dernier tour autour de la maison. « Adieu ! Il faut partir ! Merci, mon lieu si familier de nous avoir hébergés pendant quelque temps ! Bénédiction à ceux qui vont vivre ici après nous ! ». Mon regard s’arrêta sur l’épigraphe que j’avais peinte au-dessus de la porte. Quand nous habitions encore dans la « maison des fleurs », les gens me demandaient parfois si je pourrais leur peindre quelque chose sur leur maison. Quelqu’un me donna un pochoir afin de lui faire une inscription. Je l’avais aussi utilisé pour nous :

      Cette maison est la mienne, mais elle n’est pas à moi.

      Elle n’appartiendra pas non plus à celui qui viendra après moi.

      Celui qui y habitait avant est sorti les pieds devant -

      Alors dis-moi, à qui appartient cette maison ?

      Presque tous les voisins, avec lesquels il avait fallu beaucoup de temps pour tisser des liens, étaient au bord du chemin et nous faisaient signe. Pour la première fois je me sentais appartenir à cet endroit ! Mais tant pis ! Une page de notre livre de la vie était en train d’être tournée. Nous montâmes à bord, la première vitesse, et c’était parti ! Nous nous arrêtâmes brièvement chez Martin. Il prit une photo de notre « roulotte de gitans », comme il appelait note attelage.

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      D’abord nous avançâmes au pas, pris dans les éternels bouchons le long du Lac de Constance. Puis à travers la Forêt Noire avec ses virages, vers la frontière française. Là, on nous demanda de nous garer sur le côté. « Les papiers, s’il vous plaît ! » « Quels papiers ? Ce n’est que de la camelote ! Pourquoi devrions-nous encore avoir des documents ? » « Dans de cas il faudra les faire ! En tout cas les bureaux sont déjà fermés pour aujourd’hui. Demain à partir de 9 heures ils seront ouverts ! »

      *

      Nous passâmes la nuit sur un parking en chantier entre des poids lourds qui, comme nous, attendaient l’ouverture des bureaux de la douane. Pendant que Doris faisait manger les enfants, je rentrai dans un des bureaux. On me donna un imprimé. Je devais faire une liste de tous nos biens et leur valeur en trois exemplaires ! Et il se pouvait que nous devions encore payer des droits de douane ! J’étais content de ne pas devoir tout décharger. Je m’assis sur un banc et commençai à tout noter de mémoire. Quand la première liste fut pleine, j’en demandai une autre. Le fonctionnaire était horrifié de ma précision. Non, ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire. Que dans les grandes lignes, que les objets les plus grands ! Ils nous établirent également une attestation d’entrée sur le territoire qui était nécessaire afin de demander une carte de séjour plus tard à la préfecture du futur domicile. A midi tout était enfin rempli et tamponné. Nous pûmes alors reprendre la route. L’autoroute était encore en construction. En dehors de celle allant de Paris à Marseille en passant par Lyon à travers la vallée du Rhône, il n’y en avait pas d’autre. Quand nous fîmes une pause, une voiture civile s’arrêta avec à son bord des non-civils, qui nous collèrent

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