L'éclaireur. Aimard Gustave

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L'éclaireur - Aimard Gustave

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fait est que la position est grave. Êtes-vous au moins sûr cette fois de ne pas vous être trompe et de tenir la bonne piste?

      – Je ne puis rien assurer encore, bien que tout me fasse supposer que je ne me trompe pas, mais rapportez-vous-en à moi, je saurai bientôt à quoi m'en tenir.

      – Du reste, ce sont les mêmes traces que celles que nous suivons depuis Monterey; il y a des chances que ce soient eux.

      – Que résolvons-nous?

      – Dame, je ne sais que vous dire.

      – Vous êtes désespérant, sur ma parole; comment, vous ne pouvez me suggérer aucun moyen?

      – Il me faudrait d'abord une certitude, et puis, vous l'avez dit vous-même: à nous trois, ce serait folie de tenter ce coup de main!

      – Vous avez raison, je retourne au camp; la nuit prochaine, nous nous reverrons, je serai bien malheureux si, cette fois, je n'ai pas découvert ce qui nous importe tant de savoir; vous, pendant ce temps-là, cherchez, furetez, fouillez la Prairie dans tous les sens, et, si cela est possible, ayez-moi des nouvelles de Bon-Affût.

      – Cette recommandation est inutile, je ne demeurerai pas inactif.

      Don Stefano saisit la main du vieux chasseur, et la pressant fortement entre les siennes:

      – Balle-Franche, lui dit-il d'une voix émue, je ne vous parlerai pas de notre vieille amitié, ni des services que plusieurs fois j'ai été assez heureux pour vous rendre, je vous répéterai seulement, et je sais qu'avec vous cela suffira, c'est que du succès de notre expédition dépend le bonheur de ma vie.

      – Bon, bon, ayez confiance en moi, don José; je suis trop vieux pour changer d'amitié, je ne sais qui a tort ou raison dans cette affaire, je souhaite que la justice soit de votre côté; mais cela ne m'occupe pas, quoi qu'il arrive, je vous serai fidèle et bon compagnon.

      – Merci, mon vieil ami, à la nuit prochaine.

      Après avoir dit ces quelques mots, don Stefano, ou du moins celui qui se faisait appeler ainsi, fit un mouvement pour s'éloigner, mais d'un geste brusque Balle-Franche l'arrêta.

      – Qu'y a-t-il? demanda l'étranger. Le chasseur posa l'index de sa main droite sur sa bouche pour lui recommander le silence, et se tournant vers Ruperto, qui avait assisté, impassible et silencieux, à l'entretien:

      – Au Coyote! lui dit-il d'une voix basse et inarticulée.

      Sans répondre, Ruperto bondit comme un jaguar et disparut dans un buisson de cotonniers qui se trouvait à peu de distance.

      Au bout de quelques instants, les deux hommes qui étaient demeurés le corps penché en avant, dans l'attitude de gens qui écoutent, mais sans prononcer une parole, entendirent un froissement de feuilles, un bruit de branches brisées suivi de la chute d'un corps lourd sur le sol, puis plus rien.

      Presque aussitôt, le cri de la chouette s'éleva dans la nuit.

      – Ruperto, nous appelle, dit alors Balle-Franche, tout est fini.

      – Que s'est-il donc passé? demanda don Stefano avec inquiétude.

      – Moins que rien, répliqua le chasseur, en lui faisant signe de le suivre. Vous aviez un espion à vos trousses, voilà tout.

      – Un espion?

      – Pardieu! Vous allez le voir.

      – Oh! Oh! Ceci est grave.

      – Moins que vous le supposez, puisque nous le tenons.

      – Oui, mais alors il nous faudra donc tuer cet homme?

      – Qui sait? Cela dépendra probablement de l'explication que nous aurons avec lui; dans tous les cas, ce n'est pas un grand mal d'écraser de semblables vermines.

      Tout en parlant ainsi, Balle-Franche et son compagnon avaient pénétré dans le buisson.

      Domingo, renversé et garrotté étroitement au moyen de la reata de Ruperto, se débattait vainement pour rompre les liens qui lui entraient dans les chairs. Ruperto, les deux mains réunies sur le canon de son rifle dont la crosse reposait à terre, écoutait en ricanant mais sans lui répondre le flot d'injures et de récriminations que la rage arrachait au métis.

      – ¡Dios me ampare! disait celui-ci en se tordant comme une vipère. ¡Verdugo del demonio! Est-ce ainsi que l'on agit entre gente de razón? Suis-je donc un peau-rouge pour me ficeler comme une carotte de tabac et me serrer les membres comme à un veau que l'on mène à l'abattoir? Si jamais tu tombes entre mes mains, chien maudit, tu me payeras le tour que tu m'as joué!

      – Au lieu de menacer, mon brave homme, dit Balle-Franche en intervenant, il me semble que vous feriez mieux de convenir loyalement que vous êtes entre nos mains et d'agir en conséquence.

      Le bandit tourna brusquement la tête, la seule partie du corps qu'il avait de libre vers le chasseur.

      – Vous avez bon air à m'appeler brave homme et à me donner des conseils, vieux trappeur de rats musqués, lui dit-il brutalement; êtes-vous des blancs ou des Indiens, pour traiter ainsi un chasseur.

      – Si au lieu de chercher à entendre ce qui ne vous regardait pas, digne señor Domingo, c'est ainsi qu'on vous nomme je crois, dit don Stefano d'un air narquois, si vous étiez resté tranquillement à dormir dans votre camp, le petit désagrément dont vous vous plaignez ne vous serait pas arrivé.

      – Je dois reconnaître la justesse de votre raisonnement, reprit le bandit avec ironie, mais dame, que voulez-vous? J'ai toujours eu la manie de chercher à apprendre ce qu'on voulait me cacher.

      L'étranger lui lança un regard soupçonneux.

      – Et avez-vous depuis longtemps cette manie, mon bon ami? dit-il.

      – Depuis ma plus tendre jeunesse, répliqua-t-il effrontément.

      – Voyez-vous cela, vous avez dût apprendre bien des choses alors?

      – Énormément, mon bon seigneur.

      Don Stefano se tourna vers Balle-Franche.

      – Mon ami, lui dit-il, desserrez donc un peu les liens de cet homme, il y a tout à gagner en sa compagnie: je désire jouir quelques instants de sa conversation.

      Le chasseur exécuta silencieusement l'ordre qui lui était donné.

      Le bandit poussa un soupir de satisfaction en se sentant moins gêné et se releva sur son séant.

      – ¡Cuerpo de Cristo! s'écria-t-il avec un accent railleur, au moins maintenant la position est tenable, on peut causer.

      – N'est-ce pas?

      – Ma foi, oui, je suis bien à votre service pour tout ce que vous voudrez, seigneurie.

      – Alors je profiterai de votre complaisance.

      – Profitez, seigneurie, profitez; je ne puis que gagner à causer avec vous.

      – Croyez-vous?

      – J'en

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