UKAPISME - Une Gauche perdue. Christopher Ford

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Sur la rive gauche du Dniepr dans les gouvernorats de Kharkiv, Chernihiv et Ekaterinoslav, le Directoire fut renversé. Sur la rive droite, des soulèvements furent tentés en Vohynie, à Jitomir dans le district d'Obruch, auxquels les atamans répondirent par des pogroms. Selon Vynnychenko, « Il n'y avait ni punitions, ni justice, ni procés, ni contrôle envers les criminels et les ennemis de la révolution et du mouvement national. Tout le système de commandement militaire était construit et consciemment basé, par les chefs atamans, sur le principe voulant qu'ils échappent à tout contrôle. » (Vynnychenko, Vidrodzhennia natsii, vol. 3, p. 188).

       [ NdT : la division Dniprovska, sorte d'armée paysanne, était celle-là même avec laquelle Petlioura avait repris Kyiv le 14 novembre 1918, et qui déjà l'inquiétait fortement et mêlait à ses drapeaux jaunes et bleus un plus grand nombre de drapeaux rouges (cf. note 84). On remarquera que dans ce mouvement insurrectionnel, les Nezaleznhyky accompagnent le mouvement plus qu'ils ne le dirigent.]

      [NdT : on pourrait dire de Piatakov qu'il n'a jamais fait la paix de Brest-Litovsk et que ses activités politiques et militaires aux marges de l'Ukraine et de la Russie ont donc eu une large autonomie, quoique tolérée par Lénine, de la signature du traité à son éviction en janvier 1919.]

      [NdT : cette question de la langue évoque des polémiques récentes, la propagande de la Russie de Poutine étant parvenue à faire croire à la plupart des militants et groupes de gauche en France, par exemple, mais surtout à bien des habitants du Donbass, que le parlement ukrainien en mars 2014 avait voulu interdire l'emploi du russe alors qu'il avait seulement voulu lui retirer le statut de langue officielle dans certaines régions, puis y avait renoncé. La reconnaissance de l'ukrainien comme seule langue de l'Etat est une exigence nationaliste de base et ne signifie en aucun cas l'interdiction du russe, ni d'ailleurs du polonais, de l'allemand, du tatar ou du yiddish. C'est au contraire l'interdiction de la langue ukrainienne qui s'est le plus souvent produite, y compris de la part des révolutionnaires bolcheviks dans les années dont traite cet article.]

      [NdT : Rakovsky n'était pas un gauchiste, mais une figure majeure et respectée de l'ancienne social-démocratie européenne et du mouvement zimmerwaldien. Son fiasco ukrainien fut complet, mais il s'explique aussi parce que Lénine l'avait choisi précisément parce qu'il n'avait rien d'ukrainien et que, significativement, Lénine expliquait alors qu'en Ukraine, il ne fallait surtout pas d'ukrainiens pour diriger ! S'il est regrettable que les principaux historiens de la mémoire de Rakovsky, incontestablement une grande figure, aient dénié par leur silence ce moment de son parcours (Broué et Fagan, cf. ci-dessus note 114), il est juste de dire que par la suite, à partir de 1923, Rakovsky s'est opposé à Staline et à la bureaucratie, y compris à propos de la question nationale ukrainienne.

      [NdT : La « langue générale du savoir », c'est le russe. Pour le chauvin dominateur, c'est l'opprimé qui est chauvin : lui-même représente la culture universelle et, en l'occurrence, la révolution mondiale ! « Vous ne pouvez pas parler comme un être humain » est resté une formule courante russe à l'encontre de qui parle ukrainien, ou plutôt, d'ailleurs, « petliouriste » (en 1920), « banderiste » ou « nazi » (après 1945).

      D'où cette saisissante dénonciation : l'Ukraine de Rakovsky pire que celle de Skoropadski en matière de russification ! Rakovsky n'était pourtant pas du type « tchékiste inflexible », mais plutôt de ceux auxquels on adressait les doléances. Mais la dénonciation est néanmoins probablement vraie : le régime sanglant de l'hetman se présentait comme « ukrainien » et était coupé de la Russie par les lignes allemandes, tandis que le parti communiste sous Rakovsky vit affluer à lui les ci-devants et anciens fonctionnaires russes, Rakovsky lui-même vivant dans une sorte de bulle, parmi ses alter ego russes ou français, stratèges et tacticiens de la révolution mondiale ayant certes compris que l'Ukraine était un maillon décisif pour celle-ci, mais ne sachant pas qu'en Ukraine, il y avait des Ukrainiens ! ]

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