Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì
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Читать онлайн книгу Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì страница 14
“ Jamal sera heureux de jouer en présence de tes concubines. ” répondit ce dernier.
Salim maintenant devint très sérieux et se leva.
“ J’ai beaucoup voyagé… j’ai connu beaucoup de monde… et même les qā’id ne m’ont jamais rien refusé ! ”
Umar imita l’autre et se leva à son tour.
“ Tu crois pouvoir tout acheter, mais l’honneur n’est ni à acheter ni à vendre !
Moi, je suis le garant de toutes les femmes de cette maison, et je ne per-mets à personne de penser pouvoir traiter ma sœur comme une prostituée ! ”
Et l’autre, maintenant en faisant la grimace :
“ Si le Qā’id n’avait pas entendu parler de Nadira, tôt ou tard il l’aurait vendue au premier offrant… peut-être même à qui l’aurait traitée comme telle. Fais confiance à la parole de quelqu’un qui connaît le monde. ”
“ Et toi, fais -moi confiance car je me connais. Tu as profané mon hospitalité, je ne peux donc encore tolérer ta présence dans cette maison. ”
Et en regardant la même servante qui tenait la cruche, il continua : ” Fais livrer à ces hommes leurs affaires et leurs chevaux. ”
Umar les fixa durant tout le temps où, humiliés au delà de tout, ils re-cueillirent leurs affaires et quittèrent la maison. Toutefois le sourire de Sa-lim ne disparut jamais de son visage ; nerveusement, il semblait vouloir cacher son embarras.
Puis, sur la porte, il dit :
“ Écoute mon avertissement, Umar : tu as promis Nadira au Qā’id, et justement devant le Qā’id et devant ses invités, dans peu de temps, elle dansera sans aucune honte ! ” et il s’en alla, disparaissant dans le noir de la nuit, ainsi que les deux autres.
“ Qui était l’homme avec lequel tu t’es brouillé ? ” demanda Jala presque en colère.
“ Il était celui que je ne veux pas devenir ! ” coupa court Umar, en se retirant dans sa chambre et en invitant les autres à en faire autant.
Chapitre 7
Hiver 1060 (452 de l’hégire), Rabaḍ de Qasr Yanna
Quand Idris termina de se prosterner pour la ṣalāt du coucher du soleil, il put se rendre compte qu’Apollonia, contrevenant à l’interdiction, embrassait son frère. Sans que la jeune fille ne s’aperçoive de rien il la tira par son voile en lui découvrant les cheveux, et ensuite en agrippant ses cheveux déliés, il la traîna par terre, en arrière, tandis qu’elle se démenait des jambes. Idris en avait assez de cette présence qui rendait encore plus ennuyeuse une tâche déjà tellement désagréable, et donc, pour lui donner une leçon, une fois pour toute, il décida qu’il l’aurait battue avec la corde, de la même manière qu’il l’avait fait le jour précédent avec Corrado. Il commença à frapper où il pouvait en visant surtout son visage. Apollonia en attendant, essayait de se couvrir avec ses bras tandis qu’elle hurlait.
Un peu plus loin Corrado tremblait, il fermait les yeux et les serrait fort, en proie aux douleurs de la fièvre. Il vit soudain l’image d’un homme… un homme adulte, dénudé de la tête au pieds et lié au poteau d’un mat. Cet homme toutefois, ne criait pas sous les coups de son bourreau, mais il supportait fièrement en serrant les poings.
“ Roul, que font-ils à cet homme ? ” demanda Corrado à personne.
La scène qui se consumait devant son regard avait réveillé un traumatisme d’enfance. Cependant, si Corrado avait été pleinement conscient, il aurait sans aucun doute tenté de déraciner le poteau où il était lié, dans l’intention de se venger contre celui qui s’acharnait en ce moment sur sa sœur.
Par hasard, Umar se chargea de le faire arrêter juste au moment où ceux-ci se préparaient à monter sur la terrasse.
Apollonia, ayant eu la permission de rester tranquillement dans un coin, s’accroupit avec les épaules contre le mur, et versa des larmes entre ses genoux.
Quand Umar établit l’horaire de la libération du prisonnier, Apollonia pleura encore plus fort, se sentant soulagée pour quelque chose dont elle ne voyait pas la fin.
Par la suite, Idris pris par les rênes les destriers des trois invités et les conduisit dans les étables près de la maison.
“ Ne me fais pas regretter de m’être arrêté quand il y a peu, Umar me l’a demandé. ” dit le garde en fixant Apollonia.
La jeune fille ne pouvait risquer de contrevenir encore une fois à l’interdiction, et cela non pas, par peur d’être encore une fois battue, mais par crainte d’être obligée de rentrer chez elle.
“ Mon frère, mon frère ! Je suis là, je ne pars pas. ”
Puis elle s’approcha encore un peu en se traînant sur le sol à l’aide de ses jambes et de ses mains ; elle restait cependant à au moins quatre pas de distance.
“ Corrado, mon souffle et ma vie, tu dois résister encore un peu, mon Frère, réponds-moi, fais-moi comprendre que ton âme bat encore dans ta poitrine. ”
Elle s’approcha à demi pas en avant et dit :
“ Je sais bien que ta jalousie envers moi est celle d’un frère envers une sœur… mais on ne peut dire la même chose de ma dévotion pour toi… ” Malgré l’esprit troublé et l’incompréhension de l’autre, Apollonia, avec difficulté, disait ce qu’elle tenait enfermé dans son cœur depuis des an-nées, ce sentiment qui l’avait plusieurs fois fait éprouver de la honte devant l’icône de la Vierge.
“ Ne me juge pas comme une sœur fidèle, car pour Michele je ne serais probablement pas restée ici avec tant de sacrifices… Ne me juge pas pour ces actions, Corrado, car ce que tu découvrirais t’éloignerait de moi… et pour moi cela serait pire que de te voir mourir. ”
Quand Idris retourna dans la cour, elle fini de confesser ce qui aurait provoqué son exclusion du village, une marginalité plus grande que celle qu’elle vivait déjà par le fait d’être chrétienne.
La nuit tombée, le muezzin sonna l’adhān de la nuit. Idris alors s’assit sur le muret, suffisamment loin pour ne pas entendre la jeune fille, mais assez près pour intervenir au cas où, comme précédemment, elle se serait trop approchée.
“ Encore quelques heures et je te ramène à la maison ” dit Apollonia en souriant.
Toutefois elle redevint sérieuse quand elle se rendit compte de ne plus sentir ses orteils, et quand elle imagina l’effet encore plus grave que ce froid pouvait provoquer chez son frère. Elle commença à trembler à cause de la température, elle essaya de réchauffer ses mains en soufflant dans ses poings.
“ Fillette, rentre chez toi ! Ne vois-tu pas que tu trembles ? ” Idris l’encourageait en la voyant dans cet état.
“ Je ne partirai pas… il ne reste maintenant que peu de temps. ” répondit-elle au contraire à Corrado.
Ses yeux noisettes regardaient vers le haut le visage de son frère, tandis que les larmes gelaient juste sous ses paupières,