Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì
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Читать онлайн книгу Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì страница 17
“ Peu m’importe, je ne manquerai pas à ce jurement qui implique mon honneur, et le sang de ton père, uniquement parce que tu as quelque chose de contraire à dire. ”
“ Que t’a-t’il dit d’autre ? ”
“ Que tu devais être courageux, mon fils. Donc maintenant, descend au camp et ait le courage de le regarder en face. Les hommes de notre lignée ont l’habitude d’être d’indomptables guerriers qui méprisent la mort. Et si tu es en colère c’est une bonne chose… tu auras plus de ferveur dans la bataille. Mais ne t’en prends pas aux saints… tu dois t’en prendre aux vivants ! ”
“ C’est pour ce motif que je cherchais ce prêtre. ”
“ Laisse tomber ce prêtre… Ce sont ceux qui ont tué ton père que tu dois haïr, c’est vers ces bêtes que tu dois trouver ta vengeance. ”
“ Qui ? ”
“ Nous sommes sur cette terre depuis deux ans et tu me demandes ”qui ” ? Tu n’as donc pas vu les yeux de ces personnes de l’Afrique ? Tu n’as pas vu comment leur regards méditent des iniquités envers toi ? Même les gens de Akhal, qui est notre alliée, nous regardent avec haine. Ils ont tués, ils ont violés les femmes des personnes qui étaient là avant eux, et ils les ont obligés à s’agenouiller devant leur Dieu. Ils ont sali le sang de ces per-sonnes en le rendant méprisable quand ils ont mis enceintes ces jeunes filles.
Eux, les barbares mahométans, ce sont eux qui ont tué ton père ! ”
“ Vous avez dit que vous vous battiez uniquement pour la compensation et que les motifs de cette guerre ne vous intéressaient pas.
“ Mon enfant, si tu ne haïs pas ton ennemi tu ne peux survivre durant la bataille. ”
“ cela signifie que mon père n’a pas assez haït ? ”
“ Ton père avait l’âme d’un roi… il aurait été juste qu’il commande et non qu’il descende dans la bataille. Cependant toi, mon jeune Conrad, la haine que tu éprouveras en pensant au sacrifice de ton père, te servira durant la bataille. Tu deviendras un excellent guerrier, j’en suis certain. Toutefois, pour ce soir ne pense pas à la vengeance, pense uniquement à honorer ton père. Iras-tu au camp pour lui fermer les yeux ? ”
Conrad s’essuya d’une main le visage et répondit : ” J’irai. ”
“ Roul donc, en regardant tout autour de lui, commenta :
“ Nous enterrerons ton père ici, sous les yeux vigilants du Seigneur et de tous les saints. Je ne vois pas de meilleur endroit dans les alentours. ”
“ Les moines du rite grec y viennent prier. ”
“ cela signifie qu’ils seront heureux de veiller pour ce martyre du christianisme. ”
Ils descendirent au camp, et ensuite, après avoir fermé les yeux du pauvre Rabel et préparé le corps, ils remontèrent en un cortège solennel jusque l’intérieur de l’église rupestre. Ils déposèrent le corps sous la croix du prie-Dieu et, les religieux, les femmes et les soldats nobles, veillèrent en se serrant autour du jeune garçon durant toute la nuit.
Le lendemain à l’aube, le prêtre que Conrad avait détesté, qu’il découvrit s’appeler Jacob, fit les offices de l’enterrement, ils enterrèrent Rabel dans une fosse creusée à l’intérieur de la grotte, au milieu d’une clôture faite en plaques d’ardoises. Ils couvrirent le cadavre avec le bouclier qui lui avait appartenu, celui qui terminait avec une pointe, une pointe typique du peuple normand et pour terminer ils jetèrent de la terre.
Conrad resta là pour veiller ce lieu durant un jour entier, même après l’enterrement. Il dormi recroquevillé près du prie- Dieu, il ne mangea rien et pleura plusieurs fois. Au dehors de cette grotte, la vie l’attendait, la vie sans son père, et il était certain qu’il ne s’en serait sorti seul, jamais, au grand jamais. D’ailleurs Rabel était là, enterré sous ses pieds, et il l’aurait attendu fidèlement ; cette fois sans que personne ne puisse le distraire. Il se sentait mourir chaque fois qu’il pensait que les dernières paroles que son père aurait voulu lui dire étaient mortes dans sa bouche. Puis il fixait les saints sur la parois rocheuse et, au contraire de ce que Roul lui avait dit, il ne parvenait pas à ne pas les haïr.
Chapitre 9
Hiver 1060 (452 de l’hégire), Rabaḍ de Qasr Yanna et des alentours
Umar invita toutes les femmes de la maison à se retirer dans leur chambre. Il poussa délicatement Ghadda par les épaules, en la faisant aller dans sa chambre et caressa le visage de Jala.
Seulement Nadira se trouvait encore sur l’entrée, elle désirait des explications.
“ Umar, dis-moi qui est cet homme. ”
“ Seulement un riche marchand de passage qui avait envie de me provoquer. ”
“ Ne te semble t’il pas étrange qu’il se soit mis en voyage de Qasr Yan-na justement à cette heure-ci sans passer la nuit là bas ? ”
“ Évidemment pour voir le ” ciel de Nadira ” on ne peut attendre l’aube. ” répondit Umar sarcastique, encore plein de jalousie qu’il ne par-venait pas à dissimuler.
“ Tu ferais bien d’informer le Qā’id… à l’aube ! Il me semble entendre un certain désaccord envers mon seigneur Ali. ”
Umar le regarda avec un air de suffisance et lui dit :
“ maintenant tu te mêles également des questions sur la sécurité du Ra-baḍ ?
L’ adhān de la nuit est passé déjà depuis un certain temps… va dans ta chambre, ma sœur ! ”
Nadira à ce point, tandis que l’autre ennuyé s’éloignait, se retrouva à fixer l’argile cuite des tuiles.
Doucement chaque brasier, chaque lumière et chaque bougie de la maison furent éteints, en mettant fin à cette longue journée.
Corrado, encore lié au poteau, ne donnait plus de signe de vie depuis longtemps, et Apollonia s’était assoupie, recroquevillée entre ses genoux, elle avait en effet dormi encore moins que son frère.
Idris, un peu plus loin, restait là tranquillement et observait le ciel étoilé, en attendant le moment où il aurait pu libérer le prisonnier et rentrer chez lui.
Une espèce de coup retentit dans la cour ; suivit de crépitements qui ressemblaient à un feu. Apollonia ouvrit les yeux et vit une lueur insolite provenir des écuries. Idris commença alors à hurler, en se démenant comme un fou pour attirer l’attention des autres. Mezyan, en attendant descendait à une vitesse vertigineuse par le escaliers de la terrasse, en annonçant à son compagnon d’en bas :
“ Les écuries ont pris feu ! ”
!Appelle Umar ! ”
!Appelle les autres ! ”
Mezyan se mit à frapper comme un fou sur la porte, tandis que Idris couru pour appeler les hommes qui faisaient la garde à l’entrée du village ; Justement le Qā’id, en effet, avait conseillé à Umar de faire