Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì

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Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì

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style était typiquement celui des peintures sacrées de l’Orient. Un petit prie-Dieu au fond et une croix au mur indiquaient le lieux où l’on se prosternait.

      “ Père, vous êtes étranger, parti pour suivre l’armée, comment connaissez-vous cet endroit ? ”

      “ Les frères du rite grec s’y réunissent depuis des siècles pour prier. Ce sont eux qui me l’ont indiqué. Mais maintenant prie le Seigneur et la Madonne, afin que ton père rentre sain et sauf. ” conclut le religieux avant de le laisser seul.

      Ce fut ainsi que Conrad se retrouva seul, à genoux, les yeux fermés, serrant le crucifix sur sa poitrine, et priant pour que Dieu ramène son père.

      Quand il rentra du camp c’était déjà le soir. Il rentra dès qu’il vit que certains hommes à cheval étaient rentrés de la bataille, et il accéléra quand il se rendit compte qu’un d’entre eux était le gros Roul ; le sang sur son hache danoise et sur la cotte de mailles était encore frais.

      “ Jeune homme, où étais-tu ? ” demanda le guerrier dès que Conrad s’approcha auprès d’eux.

      “ Un prêtre m’a conduit sur les falaises… ” expliqua l’autre, toutefois il ne voulut pas révéler pourquoi il y était allé de peur que son intimité soit ridiculisée

      Son visage changea…. Si son père était rentré sain et sauf, il aurait sans aucun doute été au premier rang parmi ces hommes. Tout d’un trait, le vi-sage de Roul lui apparut triste, comme si sa fureur avait été mortifiée par un évènement néfaste. Seulement maintenant, il comprenait ce qui se cachait derrière cette couverture humaine de soldats du nord dont Raoul était à l’ouverture du rang.

      “ Où est mon père ? ” demanda t-il, même s’il imaginait déjà la réponse.

      “ Nous avons gagné, mon fils. ” dit Tancred, un autre parmi les plus proches de Rabel, peut être pour tenter de contrebalancer le désespoir du jeune garçon, celui-ci brandissait encore sa longue pique et portait un manteau rouge.

      “ Oui, ceux qui sont restés, nous les avons fait fuir. ” intervint un autre. ” Ça a été une grande victoire ! ” exclama quelqu’un dans le groupe.

      “ Le vent aussi nous a été favorable aujourd’hui… mais le vent le plus terrible, c’est encore une fois nous de la compagnie normande qui l’avons porté. ” ajouta Tancred.

      Toutefois Conrad, pendant que ce dernier parlait, ouvrit un passage par-mi les hommes.

      Rabel était étendu sur le sol. Sa gorge était marquée d’une grosse tâche de sang, vraisemblablement là où il avait reçu le coup mortel ; un coup qui avait été donné avec une incroyable puissance, vu qu’il avait trans-percé la cotte en maille. Sa chevelure blonde était découverte, quelqu’un l’avait évidemment libéré de son casque et de sa capuche.

      Conrad restait là, à le fixer immobile, sans avoir le courage de s’approcher. Son esprit n’avait jamais imaginé que tout cela pouvait réellement arriver.

      A ce point Roul appuya une main sur son épaule et lui dit :

      “ L’armée s’est livrée à l’exécution… d’autres parmi nous sont tombés sur le champ et attendent que nous allions les recueillir… mais nous… nous, mon cher Conrad, nous ne pouvions pas nous livrer au pillage, ou nous mettre à penser aux autres morts, quand le fils d’un des nôtres attend son père avec angoisse. ”

      “ Tu ne me l’aurais porté avec autant d’urgence si son souffle avait déjà été absent sur le champ de bataille. ” dit Conrad, tandis que deux premières larmes rayaient ses pommettes.

      Roul se pencha alors et essaya de le consoler.

      “ Non, Conrad, non… ton père est vraiment tombé durant la bataille ! ” Il mentait pour ne pas le culpabiliser, mais Conrad n’était pas aussi stupide que pour le croire. Rabel avait rendu son dernier soupir là, dans le camp, dans l’espoir de voir pour la dernière fois le visage de son fils ; le linge imbibé de sang mis autour du cou indiquait qu’ils avaient essayé, durant longtemps, de prolonger son agonie, dans l’attente du retour de Conrad.

      “ C’est toi qui doit lui fermer les yeux. ” le poussa aux épaules Roul face à face avec ces yeux bleus, Conrad ne put retenir son désespoir.

      En attendant, les femmes, les moines, la réserve qui défendait le camp et la servitude avaient formé un cercle autour de la scène. Conrad entrevit une sorte de dérision dans les yeux de son père, mais naturellement c’était uniquement la voix dans sa tête qui le lui suggérait, il se sentait coupable d’avoir été absent.

      “ Père ! ” hurla t-il avant de se jeter sur sa poitrine.

      “ Il n’y a rien à voir ! ” hurla encore plus fort Roul, en s’adressant à la foule.

      “ Maudits grecs ! ” condamna t-il donc à voix basse.

      Avec cette phrase Roul mettait en évidence tout son mépris pour les personnes de ce lieu, naturellement les chrétiens, retenus ” grecs ” de par leur religion de rite oriental. Toutefois cette exclamation d’intolérance incluait également Georges Maniakès et les troupes régulières qui le suivaient, vu les mauvais rapports du général avec les hommes des contingents auxiliaires.

      Les personnes s’en allèrent, effrayées par la réaction de Roul, Conrad au contraire se sauva, il voulait trouver le prêtre qui l’avait découragé de sa fidèle attente.

      Roul suivi le jeune garçon, tandis qu’ils cherchait le maudit religieux parmi les tentes.

      “ Mon fils, arrête ! Quel diable cherche-tu ? ”

      “ Ce prêtre qui m’a convaincu de monter sur les falaises. ” ” Qui est-il ? ”

      “ Il parlait notre langue. ”

      Puis, il pensa le chercher directement dans l’église rupestre, et il couru pour grimper sur la colline. Arrivé au sommet il entendit le bêlement des chèvres mais ne vit pas le berger… ensuite, il entra à l’intérieur. La lumière du crépuscule était en train de disparaître, les couleurs vives qui l’avaient frappé à midi avaient disparu et à l’intérieur de la grotte, on percevait une sorte de pénombre. Roul toutefois le suivait avec une torche, et quand il mit pied dans la grotte, la lumière reprit. Conrad à ce moment là, était en train de jeter des poings de terre contre la peinture du Christ et contre celui de la Madonne, n’ayant rien d’autre sur lequel offenser ces murs en pierre. Il pleurait fort, et maintenant la colère contre le geste bien intentionné du prêtre avait laissé place à la colère envers Dieu et envers ses prières ignorées.

      Roul était un homme brut, avec des manières profanes, mais quand il vit le sacrilège de Conrad, soit par peur, soit par superstition, il le bloqua par derrière en le soulevant d’un seul bras.

      “ Non, Conrad, eux n’y sont pour rien. ”

      “ Ils ne m’ont pas écouté ! ” cria le jeune garçon de toutes ses forces, mais l’environnement clos brisa sa voix.

      “ Tu attendais des miracles ? ” ” Ce prêtre me l’a dit ! ”

      A cela, il le relâcha et l’obligea à le regarder dans les yeux.

      “ Écoute-moi, mon fils… ton père m’a fait jurer

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