An der Front und Hinter der Front - Au front et à l'arrière. Группа авторов

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intermédiaire entre celui de la stratégie et celui de la tactique, en soulignant « l’utilité qu’il y avait à entreprendre des opérations simultanées de plusieurs armées pour empêcher l’ennemi de déplacer ses réserves, et l’obliger d’accepter la bataille avec des moyens limités, là où nous voulions la lui imposer8. »

      Mais on alla plus loin. En mars 1918, Foch, que l’on a parfois qualifié de premier SACEUR de l’Histoire, réalisa une unité de commandement des Alliés que Berlin n’obtint jamais pour les Puissances centrales9. Il se plaça très nettement au niveau opératif.

      Ce fut donc le point de départ de l’« art opératif », art de commander l’ensemble des forces sur un théâtre, qui fut développé bien sûr en Allemagne mais également repris par les Soviétiques10.

      L’échec de la guerre de mouvement : phase I, la guerre de tranchée

      L’échec des trois offensives (française, russe, allemande) conduisit à la « course à la mer », à l’établissement d’un front continu (une absolue nouveauté, négation en soi de toute réelle stratégie) puis à la guerre de tranchée, version moderne de la guerre de siège.

      Le problème était double : d’abord la supériorité défensive de troupes enterrées, munies d’armes à tir rapide (on l’avait déjà observée en 1904 en Mandchourie et en 1912/13 dans les Balkans). Mais le problème de la « percée » d’un front fixe pour l’exploiter ensuite vers les arrières profonds de l’adversaire n’était pas non plus résolu. Ou bien on commençait par une grande préparation d’artillerie pour affaiblir les défenses, et l’ennemi, averti, mettait en place des tirs de contrebatterie : on en eut l’exemple en Champagne en 1915. Lors de l’offensive de la Somme en 1916, on pensait refaire la préparation d’artillerie, cette fois-ci avec beaucoup plus de moyens. Mais les Allemands eurent quand même le temps, et de contrebattre, et de rameuter des réserves. En outre, du fait du long bombardement, le terrain était bouleversé, ce qui gênait considérablement la progression, les Allemands démontrant d’autre part que l’on pouvait très bien se défendre dans des trous d’obus. En conséquence, en 1917 (offensive Nivelle), on se contenta d’une préparation plus courte, pour réaliser la surprise et ne pas trop bouleverser le terrain. Mais, cette fois, la préparation fut insuffisante ; après des succès initiaux les pertes devinrent vite considérables, et les Allemands eurent quand même le temps de colmater les brèches11.

      Stratégies alternatives pour sortir de l’impasse

      Il fallait recourir de toute évidence à des stratégies alternatives. Certaines n’étaient pas nouvelles : le blocus et la stratégie périphérique existaient depuis toujours, et les Britanniques les avaient abondamment utilisés contre Napoléon. En fait, on va le voir, il n’y eut pas de grande innovation au niveau stratégique, sauf la « guerre totale ». D’autre part, la grande stratégie diplomatico-militaire, celle des sondages, des négociations au cours du conflit, afin de profiter d’un succès sur le terrain pour amener l’adversaire à la table de négociation, dans la grande tradition européenne, et qui avait été utilisée même lors des guerres de la Révolution et de l’Empire, resta à peu près absente. La seule tentative, d’ailleurs conduite de façon fort maladroite, pour coordonner opérations militaires et démarches de paix, fut celle de Berlin et Vienne, par leur note du 12 décembre 1916, juste après l’entrée de leurs troupes à Bucarest le 612. Français et Britanniques se contentèrent de sondages de paix secrets, fort peu en phase avec leurs plans d’opérations13.

      1) Stratégie périphérique

      Une stratégie périphérique paraissait s’imposer aux Alliés avec évidence : porter la guerre dans les Balkans et sur les Détroits turcs. En effet, il fallait d’abord essayer d’empêcher la Bulgarie de se joindre aux Puissances centrales, car, outre son importance militaire propre, son territoire permettrait d’assurer la continuité des communications entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Turquie. Son entrée en guerre aux côtés des Puissances centrales en octobre 1915 rendait évidemment cet objectif vain.

      Mais une stratégie vers ces régions avait deux autres objectifs possibles : relier la Russie aux Alliés occidentaux plus commodément que par Mourmansk, et atteindre le « ventre mou » (l’expression est de Churchill) des Empires centraux par la vallée du Vardar.

      Cette stratégie fut tentée, mais ne fut poussée à fond que tout à la fin de la guerre. En mars 1915, les Britanniques et les Français tentèrent de forcer les Dardanelles par voie maritime, mais ce fut un échec. Ils débarquèrent le mois suivant à Gallipoli, mais ce fut aussi un échec. En octobre 1915, ils débarquèrent à Salonique, mais jusqu’en 1918 ce fut à peu près inutile, sauf en tant qu’abcès de fixation pour les forces bulgares et en tant qu’arme politique, pour forcer la Grèce à se tourner vers les Alliés et maintenir la Serbie dans la guerre.

      En effet le Front d’Orient ne fut pas poussé à fond : les Russes n’y participèrent pas, estimant que les Alliés feraient le travail pour eux, et ils se contentèrent de se faire garantir par eux, dès mars 1915, la possession de Constantinople et des Détroits14. Les Britanniques pensaient surtout à l’Irak et au Moyen-Orient, où ils massèrent jusqu’à un million de soldats. Joffre estimait que cela le détournait du front essentiel, celui du Nord-Est.

      En fait, le pouvoir politique (du moins Churchill et Briand, les plus imaginatifs des dirigeants alliés) était plus intéressé que les militaires : ceux-ci restaient fidèles au principe de la concentration des forces, à l’objectif de battre d’abord l’ennemi principal. Peut-être avions-nous affaire à un excès de « clausewitzisme » mal compris ?

      De plus, le Front d’Orient connut des problèmes d’ordre opératif : Sarrail eut du mal à établir un commandement unique ou même simplement efficace. Ce ne fut qu’après le règlement de ce problème par ses successeurs Guillaumat et Franchet d’Espèrey que le front d’Orient devint un vrai théâtre au sens opératif du terme, et qu’il put participer de façon décisive aux offensives alliées finales de 191815. Mais ce fut alors très réussi : ce fut l’Armée de Salonique qui provoqua la chute de la Bulgarie et de l’Autriche-Hongrie. En fait, pour les Allemands, la décision de demander l’armistice vint de là autant que du « Jour noir » (8 août 1918)16.

      2) Stratégies d’attrition, 1915/1916

      Plus que par la stratégie périphérique, les années 1915/16 furent marquées par le développement de diverses stratégies d’attrition, visant non plus l’anéantissement des forces adverses (Vernichtungskrieg) mais leur affaiblissement, pour permettre l’ouverture de négociations dans de bonnes conditions (Ermattungsstrategie), selon les catégories développées dès cette époque par Hans Delbrück, historien mais aussi stratégiste notoire17.

      La première de ces stratégies fut celle du blocus de l’Allemagne par les Alliés. En fait, ce fut lent, elle ne se mit vraiment en place qu’à partir de 1915, car il fallait établir aussi un contrôle commercial des pays neutres voisins de l’Allemagne (par exemple la Société Suisse de Surveillance), pour éviter réexportations et contournements. Certes, les effets sur la population et l’économie allemandes furent considérables, mais lents et non décisifs18.

      Notons également la stratégie de Falkenhayn, successeur de Moltke à la tête du grand état-major impérial : il se maintint sur la défensive à l’Est, mais prit l’offensive à Verdun ; la percée ayant échoué, il poursuivit cependant l’opération, pour faire « saigner » l’armée française (car elle ne pouvait pas reculer,

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