An der Front und Hinter der Front - Au front et à l'arrière. Группа авторов

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      De même, la Somme à partir de juillet 1916 relève de la stratégie d’attrition, même si les Alliés espéraient la « percée » (mais, malgré tout, l’industrie allemande dut avouer qu’elle avait atteint là ses limites : l’attrition fonctionnait tout de même dans une certaine mesure)20.

      Sur le plan de la stratégie générale, on constate que l’industrie moderne peut nourrir sans limite une guerre d’attrition statique, c’est-à-dire le soutien des troupes, la production des armements et des munitions nécessaires, y compris les gaz, l’équipement des fronts (abris, voies de communication de toute nature, etc.) et qu’elle peut (grâce aux Ersätze) faire échec au blocus pendant longtemps. Au fond, la grande stratégie en 1916/17 reposait sur l’intégration de l’économie (y compris le blocus de l’adversaire) et de l’industrie à la stratégie. Il est important de le noter, parce que c’est la stratégie que Français et Britanniques prétendirent opposer à Hitler en 1939/4021.

      3) Stratégie de guerre totale : 1917/18

      Mais en 1917, à la suite de la bataille de la Somme, la stratégie d’attrition connut un renforcement tel que, la quantité devenant qualité, l’on passa à quelque chose de nouveau : la stratégie de guerre totale. En effet, en août 1916, Hindenburg et Ludendorff remplacèrent Falkenhayn, à cause de l’échec de celui-ci sur la Somme. On vit alors une nouvelle conduite de la guerre, une stratégie générale qui se situait théoriquement au-dessus du niveau du grand état-major, mais qui fut imposée en fait par les chefs militaires aux dirigeants civils : ce fut la « guerre totale » (titre d’un livre de Ludendorff de 1935, mais utilisé déjà par Léon Daudet en 1916). Les instruments en seraient :

      – La mobilisation industrielle, c’est-à-dire la mise totale de l’économie allemande sur le pied de guerre (« Programme Hindenburg »)22.

      – La mobilisation politique (contrôle du pays par les gouverneurs militaires et création en 1917 de la Vaterlandspartei, organisation politique ayant pour objet de soutenir l’état-major)23.

      – La mobilisation de la société (loi sur le « service auxiliaire » – en fait, il s’agissait de la mise en place du travail obligatoire pour les non mobilisés – et entente avec les syndicats pour sa mise en œuvre)24.

      – La mainmise politique sur le Reich (l’état-major provoque la chute de Bethmann Hollweg en juillet 1917 car il est considéré comme trop modéré)25.

      – La guerre sous-marine à outrance.

      – Pour la première fois, la guerre fut faite systématiquement aux civils, par des bombardements divers (navires de guerre bombardant les villes côtières, zeppelins, avions)26.

      – Pour la première fois, une véritable guerre politique, dans le sens moderne du terme, fut menée à fond par le Reich (soutien aux minorités de l’Empire russe et à Lénine)27.

      Les Alliés s’engagèrent beaucoup moins nettement sur cette voie, mais ils abandonnèrent le libéralisme, encore si fort en Grande-Bretagne en 1916. Et ils préparèrent une guerre économique totale, y compris avec sa prolongation après la guerre (contrôle du ravitaillement de l’Allemagne en matières premières, discrimination permanente contre le commerce allemand …)28.

      Cependant la stratégie de Berlin échoua ; elle ne fut d’ailleurs pas menée de façon cohérente : la défaite de la Russie ne fut pas vraiment exploitée pour ramener des troupes à l’Ouest, et la guerre sous-marine à outrance provoqua l’entrée en guerre des Etats-Unis.

      Deux innovations tactiques et opératives pour rétablir le mouvement

      Deux nouvelles méthodes apparurent en 1917/18 : elles transformèrent définitivement la nature de la conduite des opérations. Tout d’abord la méthode de pénétration tactique allemande : on contournerait les points de résistance pour les dépasser et les isoler, avec très peu de préparation d’artillerie, pour ne pas avertir l’ennemi et pour ne pas bouleverser le terrain, grâce à des armements très mobiles et puissants (Minenwerfer) et à des troupes d’élite (cela aboutit aux victoires allemandes de Riga contre les Russes en septembre 1917, et de Caporetto contre les Italiens en novembre 1917, et, en France, aux offensives de mars à juillet 1918). Mais ces offensives, en tout cas celles de 1918, furent menées à une échelle géographique telle que cette tactique se situait en fait au niveau opératif.

      La deuxième méthode fut la méthode mécanique (chars-camionsavions) des Alliés, à partir de la bataille de Cambrai, le 20 novembre 1917 : les chars anglais attaquèrent en masse (400 appareils) et percèrent sur neuf kilomètres. Malheureusement, on ne put pas exploiter cette percée, et trop d’engins furent détruits. Mais J. F. C. Fuller, chef d’état-major du Tank Corps, mit au point une première doctrine d’emploi des chars29. Cependant celle-ci n’intégrait pas encore tous les moyens mécaniques : cela restait encore trop strictement une percée de chars, sans liaisons organiques avec l’infanterie portée et l’artillerie.

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      Erich Ludendorff, général d’infanterie, premier quartier maître général (Erster Generalquartiermeister) et adjoint de Hindenburg au sein du troisième OHL (Oberste Heeresleitung ou Commandement suprême de l’armée de terre). (Library of Congress)

      Ce fut surtout en juillet 1918 que l’emploi des chars se montra décisif : on poussa droit devant, trop vite pour que l’ennemi pût se ressaisir, et l’aviation gêna l’arrivée des renforts allemands30. Foch avait bien compris cette révolution. Il expliqua que l’artillerie ne pouvait détruire que la première position de l’adversaire : elle devait remonter son dispositif pour frapper la deuxième position, pendant que l’ennemi préparerait une troisième position, et utiliserait les entonnoirs provoqués par l’artillerie pour y dissimuler des mitrailleuses. La solution serait « une attaque par tanks, la mitrailleuse blindée, et par avions mitrailleurs, la mitrailleuse volante »31.

      Cette nouvelle méthode permit de rétablir une stratégie mobile, avec l’emploi combiné des chars (les FT-17 Renault, plus légers et manœuvrables que les Mark IV britanniques), des camions, des avions.

      Notons néanmoins que la contre-attaque alliée, fin juillet, dans la région de Reims, alla trois fois plus lentement que l’offensive allemande de mai dans l’autre sens … Donc l’armement mécanique n’était pas encore l’alpha et l’oméga. Cependant on progressait : au printemps 1918, Fuller rédigea un « Plan 19 », qui était un projet de grande offensive blindée et motorisée pour le printemps 1919, projet qui annonçait vraiment la Deuxième Guerre mondiale et prolongeait les réflexions de Foch, auquel l’officier britannique soumit d’ailleurs son plan32. Et lors de la bataille d’Amiens, le 8 août 1918 (« Jour noir » de l’armée allemande !), l’armée britannique engagea avec grand succès douze bataillons de tanks (environ 400 machines)33.

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      Lieutenant-colonel Paul von Lettow-Vorbeck, commandant de la Schutztruppe (forces coloniales allemandes de tirailleurs) de l’Afrique orientale allemande. (Bundesarchiv Deutschland/Wikipedia Commons)

      Mon favori : Paul von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale

      À mon avis, le chef le plus innovant sur le plan opératif

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